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Les Echos de Nampilly
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22 décembre 2009

L'Intrus - Safari Signe de Piste n°44

John Rowe Townsend, illustrations Michel Gourlier, 1973
The intruder, traduit par Isabelle Borie.

Mer, sable, pierre, ardoise, ciel. Ainsi commence l’histoire d’Arnold Haithwaite. Et ainsi elle se termine. Arnold Haithwaite vit à Skirlston depuis sa naissance. Il tient l’épicerie de ce vieil homme qu’il appelle «Père» mais qui ne l’est peut-être pas, il s’occupe de la maison délabrée, il guide des visiteurs à travers les sables qui entourent son village presque abandonné. Son avenir, l’adolescent ne le voit que comme «Pilote des sables». Le sable, la mer, voilà ses éléments.

intrus

Un jour, alors que la marée monte, Arnold rencontre sur un banc de sable un homme, un inconnu, un intrus qui dit être le véritable Arnold Haithwaite. Etrange, inquiétant, énervant, tel est l’homme qui s’immisce dans la vie d’Arnold et de son père. Arnold ne souhaite qu’une chose : qu’il s’en aille, qu’il parte, qu’il quitte sa maison, son village, sa vie. Mais l’étranger a comme un pouvoir hypnotique, quelque chose qui fait qu’on ne peut pas lui résister. Et Arnold a de plus en plus l’impression que le nouveau venu veut se débarrasser de son père et lui… Est-il le véritable neveu d’Ernest Haithwaite, le père du jeune Arnold, comme il le prétend ? Et dans ce cas, qui est Arnold ?

La question n’a jusque là jamais dérangé le jeune homme. Mais pour chasser cette présence gênante, Arnold devra bien lui trouver une réponse. Et qui pourra l’aider ? Les adultes ont tendance à prendre cette histoire bien à la légère. Heureusement qu’Arnold peut compter sur Pierre et Jane, pas vraiment des amis, des nouveaux venus (eux aussi !) à Skirlston, qui ouvrent pour Arnold une porte vers le monde extérieur, qui ne comprendront pas forcément toute l’angoisse et la peur qui l’étreignent mais qui vont pourtant l’accompagner vers son dénouement, à leur manière.

L’angoisse d’Arnold, l’inquiétude que provoque l’étranger, on la ressent tout au long du roman par une écriture saccadée, des échanges et dialogues frustrant et énervant, d’où l’on sent dès le début qu’Arnold sortira pas gagnant. L’intrus a tellement tort, et pourtant il est tellement difficile à (con)vaincre. Que peut Arnold, à peine instruit, contre cet « homme d’affaire », cet homme de la ville, qui semble avoir tant de pouvoir ?

Pour qui connaît un peu l’Angleterre, on retrouve dans L’Intrus la pauvreté et le dénuement des milieux ouvriers dans les années 1970. Skirlston, que l’on apprend à aimer, n’est finalement qu’une petite ville de pêcheurs qui disparaît au rythme des tempêtes et de l’installation des centrales nucléaires. Déjà ville fantôme au début du roman, on la sent s’enfoncer peu à peu dans les sables qui l’entourent.

Cela participe de beaucoup à donner au récit un air presque fantastique, encore renforcé par le mystère qui entoure l’homme inquiétant qui bouleverse la vie d’Arnold. Va-t-on basculer dans l’irréel ? Le récit, jusqu’à la fin, hésite entre les deux, pour finalement ne choisir ni l’un ni l’autre. Après une autre tempête, une autre grande marée, il ne restera rien de cette tranche de vie. Rien d’autre que la mer, le sable, la pierre, l’ardoise, le ciel.

motiffiche

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