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Les Echos de Nampilly
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4 mai 2008

Les Cahiers Robinson - 5

Les détours de la transmission : des romans scouts en quête de re-pères
partie 1

Laurent Deom
Cahiers Robinson n°22, Figures paternelles - 2007

cahiers

Le conflit avec les parents représentant le centre de l’adolescence, il est normal qu’on le retrouve dans les romans pour adolescents en général et le Signe de Piste en particulier. Les romans présentent des parents ne pouvant plus remplir leur rôle (décédés ou démissionnaires) et, parfois, des figures adultes de substitution.

Des enfants orphelins

Chez Serge Dalens, Jean Valbert, X.B. Leprince, Jean-Louis Foncine, les héros souffrent souvent du décès d’un de leurs parents, sinon des deux. Christian Guérin note que cette absence de figure parentale est présente dans au moins 6 romans sur 10 dans la collection Signe de Piste publiés entre 1937 et 1964.

Ce fait peut s’expliquer de plusieurs manières. Si l’on part du principe que les romans s’appuient sur le monde réel, comment est-il possible que ces adolescents soient orphelins ? Il est à noter que certains auteurs (Serge Dalens, Jean-Louis Foncine) sont nés avant la première guerre mondiale. Ils ont donc grandi à une époque où 20% des enfants de 10 ans étaient orphelins de père, 30% des jeunes de 20 ans. Ils auraient donc reproduit dans les années 1930, lors de l’écriture des romans, leur propre enfance et non l’adolescence de l’époque. Cependant, cela ne tient pas pour les auteurs nés après 1920.

On peut aussi penser que l’orphelin est un ressort narratif. L’absence d’un parent est la raison de la quête du héros qui cherche soit à faire son deuil, soit à trouver un substitut. Ce thème est d’ailleurs souvent utilisé dans la littérature de jeunesse. Enfin, il est possible que le jeune lecteur, en s’identifiant à un personnage orphelin, dépasse son complexe d’Œdipe et la déception de constater que ses parents ne sont pas parfaits.

Malgré cela, l’orphelin n’est pas le point central des romans. Il est utilisé pour créer une base sentimentale ou une problématique, sans que l’intrigue principale soit centrée dessus.

Le cas « Ayacks »

Jean-Louis Foncine place son premier roman, La Bande des Ayacks, dans la lignée des textes conflictuels en le présentant comme le premier roman axé sur « la contestation en groupe des jeunes envers les adultes ». Certes d’autres auteurs l’ont essayé avant lui (Mark Twain, la Comtesse de Ségur…) mais seuls les Ayacks, selon Jean-Louis Foncine, sont sortis victorieux de leur lutte contre l’ordre établi et sont parvenus à faire changer leurs parents. Cette affirmation est discutable, puisque Les Ayacks ne sont finalement pas plus indépendants que Tom Sawyer et qu’ils ont de toute façon besoin d’adultes pour arriver à leurs fins.

ayacks

Dans La Bande des Ayacks, les adultes sont à de nombreuses reprises dévalorisés. Dès le prologue, le narrateur se place dans le camp des enfants, en taxant les « grandes personnes » d’insatiabilité, en leur infligeant une punition infantile (les priver de dessert) et en les excluant finalement des lecteurs (« je n’écris pas pour les grandes personnes »). Tout au long du roman, les adultes sont dépréciés par le narrateur, notamment à travers les paroles de M. Angeli et M. Barré qui sont, eux, du côté des enfants. Pour le premier, les adultes sont simplement malhonnêtes. Pour le second, il s’agit de canailles « faisant payer aux enfants la perte de leur propre enfance ». Bien sûr, seul Malaïac est mis en cause. Mais le village représente en fait la cause adulte en général puisqu’il n’y a pas de « monde extérieur » dans le roman.

Une transmission problématique

Tous les parents ne sont pas dévalorisés comme peuvent l’être ceux des Ayacks. Dans certains romans, le père est le dépositaire d’une mission qu’il transmet à son fils avant de mourir.

bracelet

C’est le cas du Bracelet de vermeil, dans lequel Eric est chargé d’une mission dont il ignore tout. Le caractère héréditaire de cette mission est montré dès le prologue par la succession des générations. Eric brisera pourtant le cercle, préférant le pardon à la vengeance et refusant la mission qui lui a été confiée (tuer le descendant d’une famille qui a autrefois massacré la sienne). Eric renonce ainsi à l’espoir d’atteindre le but de sa quête.

Dans La Quête fantastique, Bruno rencontre une situation assez similaire. Son ancêtre Conrad s’est vu confier par Louis II de Bavière une médaille lui permettant de trouver le Graal. La mission s’est transmise ici aussi de génération en génération jusqu’à Bruno, dont le père est décédé durant la guerre. Contrairement à Eric, Bruno trouve le Graal dans La neuvième croisade. Mais celui-ci disparaît aussitôt car l’objet devant permettre la fin des conflits sur Terre n’est en réalité qu’une pierre radioactive qui se révèle dangereuse. La mission de Bruno est ainsi un semi-échec.

croisade

Pourtant, même si les missions d’Eric et Bruno échouent toutes deux, les deux héros sont « sanctionnés positivement ». Eric trouve des amis chez les scouts alors qu’il était isolé au début de l’histoire, et Bruno rencontre l’amour avec Amicie. Dans les deux cas, le rôle du père est invalidé, comme dans d’autres romans Signe de piste tel Le Glaive de Cologne.

--> La suite <--

motiftulipes

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Commentaires
A
Mais les parents, c'est très gênant dans des histoires pour la jeunesse. Si l'on veut donner le rôle central aux jeunes,il faut se débarasser des parents. D'où parents tués à la guerre, malades, en affectation pour au moins 2 ans dans les colonies, disparus, les scenarii sont multiples. Quelquefois, il reste une fragile maman, que les enfants vont protéger. Pour que le jeune lecteur puisse s'identifier au héros, il faut valoriser ce dernier et donc les parents ne doivent pas lui faire de l'ombre. Anne
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