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Les Echos de Nampilly
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12 novembre 2009

Piqualise - Signe de Piste n°184

Josy de Bouclans, illustrations Pierre Joubert, 1967

Evocation d’une enfance ancienne par un vieil homme qui sait sa vie derrière lui, Piqualise rappelle par sa fraîcheur et son regard d’enfant sur le monde, le truculent La belle jeunesse de Quiquembois.

piqualise

Tout commence pourtant comme le pire des Dickens : un jeune garçon qui vient de perdre sa maman si douce et si aimante se voit confié à un couple de vieux cousins qu’il ne connaît pas. Sans enfants, le deux vieux n’ont guère l’habitude d’être chaleureux et attentionnés. Lui serait plutôt gentil s’il osait s’opposer à son ogresse de femme pour qui le petit Guy devra « gagner son pain » comme un employé. Le pauvre Guy, qui n’a connu jusque là que Clermont-Ferrand et les tissus doux des costumes que lui confectionnait sa maman se retrouve dans une demeure austère en pleine forêt auvergnate, affublé d’un pantalon de grosse toile et de sabots avec lesquels il n’arrive même pas à marcher !

Pour parfaire le tableau, les deux cousins sont domestiques de Mesdemoiselles Jeanne et Laurence. Si la seconde est une petite vieille adorable qui prend tout de suite Guy sous son aile, il n’en va pas de même de Jeanne, vieille fille acariâtre, avare et bigote. Dickens, on vous dit !

Un jour où Guy a réussit, en même temps et même si cela partait d’une bonne intention, à tuer le lapin préféré du cousin, à détruire le fichu du dimanche de la cousine et à mettre à cuire le jambon de Mademoiselle Jeanne à la mi-carême, les cousins décident que «s’en est trop !». Guy aussi, d’ailleurs, qui s’enfuit dans la forêt. Seulement, à même pas douze ans, seul, en forêt, sans avoir rien emporté, on ne va pas bien loin…

Rattrapé pensez-vous ? Même pas, personne ne prenant la peine de le chercher. Attrapé, plutôt, par Piqualise, un vieux berger qui vit en ermite dans une abbaye en ruines, dominant la forêt et la Sioule. En ermite mais pas seul. Parce qu’il y a Lioran, le grand chien noir plus intelligent que bien des hommes. Et puis la nature, les plantes, le paysage. Piqualise ne manque ni d’amis, ni de ressources.

Le vieil homme se découvre en Guy un ami. Le jeune garçon trouve dans l’homme un protecteur, un professeur, un guide. La vie, il l’a décidé, c’est avec Piqualise qu’il veut l’apprendre. Et Monsieur Renaison, ce grand homme de la ville, lui aussi ami du berger. Commence alors la seconde partie du roman, plus légère, un peu magique, dont les couleurs, la douceur, la simplicité tranchent sur le côté sombre du début. Si elles savaient, toutes ces mauvaises langues qui disent qu’on dort mieux dans un lit que dans les bois ! Si elles savaient, ces bonnes sœurs bien pensantes, comme on est heureux au milieu de la perfection de la nature… Tout cela doit-il un jour se terminer ?

Piqualise est raconté à un enfant des années 1960 par Guy devenu bien vieux. Son métier disparaît, l’époque de sa jeunesse aussi. Mais ce que veut léguer Guy à Bernard, c’est la beauté du monde qui l’entoure, c’est savoir écouter et regarder autour de lui. C’est savoir trouver le beau dans ce qui l’entoure. Ce sont aussi ces vers de Péguy :

Voici le seul élan qui sache un peu monter,
Voici le seul instant qui vaille de compter
Voici le seul propos qui s’achève et qui dure
Voici le lieu du monde où tout devient facile…

motiffiche

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Commentaires
A
Superbe article sur Josy de Bouclans par sa soeur dans le dernier bulletin des Amis du SDP.
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