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Les Echos de Nampilly
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25 septembre 2009

L'Appel du matin - Safari Signe de Piste n°62

Jean-Paul Benoît, illustrations Pierre Joubert, 1973

Troisième roman de Jean-Paul Benoît après Dany, médecin des nuages (et Le Jour viendra-t-il Dany ?) et Le Passager de la nuit, L’Appel du matin change encore une fois totalement de décor. Dans le premier, on découvrait l’Amérique du sud et les tribus d’Amazonie. Dans le second, on revivait, à travers un journal oublié dans un vieux château, l’une des possibles évasions du jeune Louis XVII de la prison du Temple.

appel

Cette fois, nous partons en Bretagne, au milieu des fermes et des forêts, des sculpteurs sur bois et des marins. Depuis plusieurs semaines, Philippe, Jean et Claude, treize ans, suivent un mystérieux adolescent arrivé il y a quelques mois dans la région. De Gildas, ils ne connaissent pas grand-chose de plus que le prénom. Il paraît un peu plus âgé qu’eux et vit à Lanval, avec «Le Vieux», son grand-père. A part cela, il ne va pas au lycée, ne parle à personne, et semble passer son temps à arpenter les chemins, à pieds ou à cheval, entre les villages, les champs, les bois.

Mais le jeune homme les fascine. Coute que coute, ils découvriront qui il est et ce qu’il cache. Oh, pas à des fins malveillantes… Philippe, Jean et Claude veulent simplement devenir l’ami de ce garçon un peu sauvage et l’aider à sortir de la solitude qu’il semble s’imposer.

Mais le secret de Gildas n’est-il pas trop lourd pour trois adolescents, encore presque des enfants, qui n’ont jamais rien connu d’autre que la douceur de leur foyer et de leur région ?

Au fur et à mesure, Gildas se livre à eux : à travers ce château en ruine, d’abord, son endroit préféré, les sculptures qu’il réalise comme un vrai maître, son cœur d’or qui recueille les animaux et les hommes blessés. Jusqu’à ce que Gildas accepte enfin de leur livrer ses propres blessures.

Par certains aspects, L’Appel du matin ressemble aux Canards sauvages, de Jean-Louis Foncine. On retrouve les mêmes adolescents grandis à la campagne, libres de leurs mouvements, assoiffés de justice et de beauté. L’aide qu’ils apportent aux autres, leur amitié, leur générosité en font de purs héros Signe de Piste. Et en même temps, leur «normalité» (le collège ou l’internat, le vélo, les parents fermiers ou charcutiers) en font des héros bien plus proches du lecteur que dans la plupart des romans de la Collection, encore une fois comme dans Les Canards sauvages. On s’identifie facilement à Philippe et l’on ressent presque, comme lui, cette attirance vers Gildas.

Curieusement écrit, L’Appel du matin pêche un peu par les ruptures abruptes des fins de chapitre. Si celle du prologue trouve une justification à la toute fin du roman – on s’étonne d’ailleurs de ce prologue incompréhensible qui ne commence à livrer son secret que passée la moitié du roman – les suivantes sont parfois un peu trop raides, un peu trop rapides. On passe d’un sujet à l’autre un peu trop facilement, comme si une scène si chargée en tensions n’avait quelques pages plus loin plus vraiment d’intérêt. Dommage. Dommage aussi, les sauts d’un décor à un autre, au gré des souvenirs des héros. A peine dans l’ambiance d’une tempête bretonne, de l’odeur de la nuit dans les sous-bois mouillés, il nous faut partir pour la Grèce, la chaleur, la lumière aveuglante d’un plein été. Pas facile facile.

Heureusement, il reste la plume facile à suivre de Jean-Paul Benoît et sa facilité à évoquer un paysage, une atmosphère, à mettre en place des personnages complets et très réels même s’ils n’ont qu’un tout petit rôle dans le roman. Moins dramatique et moins chargé de conséquence (sur l’Histoire de France, sur la vie de certains peuples) que les précédents romans (quoi que…), L’Appel du matin est une bouffée de fraîcheur, un bon bol d’air salé qui donne envie de monter à cheval et de tomber, au hasard des fourrés, comme Gildas, sur un château oublié…

motiffiche

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