Dear Chérie

Pour faire suite à nos fiches sur Les Seigneurs d'Anjou, Anne nous envoie un résumé de Dear Chérie, d'Anne Beauchamps. Ecrit en 1956 (quelques années avant La belle jeunesse de Quinquembois) pour la collection Rouge et Or, ce roman compare, comme le fait La Grande Jaille, le XXème siècle naissant et les traditions du XIXème. Une histoire qui plaira plutôt aux jeunes filles et qui ne manquera pas de rappeler un autre roman, adapté au cinéma en 2004. Un rapport ?

«Moi qui ai connu Dear Chérie, je vais vous raconter son histoire. Quand la presse de province et même celle de Paris publièrent sa photographie et lui consacrèrent trois colonnes – trois colonnes en première page ! – les gens de Fontaine-Bellay, sa vile natale s’étonnèrent de l’audace dont elle avait fait preuve ; j’avoue que je ne comprends pas leur étonnement. Ce que fit Dear Chérie à l’époque était tout à fait dans la ligne de ce qu’elle fit toute son existence. Mais commençons au commencement. Il remonte loin. Exactement au 31 décembre 1899.»

Date de la naissance d’Isabelle Favereau, fille de marchands de tissus, bien dans leurs affaires mais scrupuleusement honnêtes.

C’est toute l’enfance et l’adolescence de Dear Chérie surnommée ainsi à l’âge de 6 ans par une cliente de l’hôtel voisin et qui lui resta, qui nous sont tracées. Petite fille gaie, affectueuse, bondissante de vie et curieuse de tout, Dear Chérie évolue dans une petite ville du Maine et Loire avec une éducation très large pour l’époque, mais il faut dire qu’elle sait se faire écouter. A sa demande, elle est retirée de sa pension et travaille par correspondance pour passer son bachot. Elle a coutume de repasser ses leçons à bicyclette. Lors de l’une de ses randonnées, fuyant un cheval qui lui fait horriblement peur, elle se détourne de son chemin et arrive en vue d’une maison où elle surprend un plumet rouge et blanc qui bouge curieusement. Distraite, elle heurte une grosse pierre et ne peut plus se relever, le plumet accourt, c’est un charmant jeune homme, Jean Brottier, qui essaie son casoar. La mère de ce garçon est veuve, des liens d’amitié se nouent, Mme Favereau le verrait bien pour sa fille ainée. Mais arrive la déclaration de guerre, Jean part au front, est blessé une première fois en 1915, ce qui, lors de sa convalescence, lui donne le temps d’être tout à fait charmée par Dear Chérie qui ne s’en rend pas très bien compte. Jean confie sa mère à Dear Chérie et il repart. Quelque temps après, en 1916, on apprend sa mort. La mère de Jean en a une crise cardiaque et est au bord du tombeau. On n’a pas retrouvé le corps et Dear Chérie décide que Jean est vivant et qu’elle va le retrouver. A 16 ans, elle part à Paris avec un chaperon, bien sûr, se débrouille pour se faire accorder un sauf-conduit par le général Joffre, sème le chaperon et part sur le front, visiter les hôpitaux où on lui a dit qu’il y avait des blessés amnésiques. Elle rend visite à trois blessés dans un premier hôpital, rien, repart sur Versailles où se trouve un autre hôpital et là :

«Il reposait les yeux fermés. Dans les deux secondes qui s’écoulèrent avant qu’il les ouvrît, elle eut le temps de se dominer et de sourire.
Il fixa sur elle un regard étonné et prononça d’une voix lointaine : - Dear Chérie…»

Mais ensuite, il retombe dans son indifférence. Dear Chérie rentre chez elle non sans péripétie, rassure sa vieille amie. (enfin pas si vieille car elle a 50 ans). La fin est ouverte, on ne saura jamais si Jean retrouve la mémoire et s’il épousera Dear Chérie. C’est un récit qui est mené tambour battant et en même temps est extrêmement pudique dans l’éclosion des sentiments entre Jean et Dear Chérie. Il décrit toute l’évolution d’un pays au début du 20e siècle avec toutes les découvertes mais en même temps reste très enraciné dans un terroir qui lui ne bouge pas.

Comments

[janylène]

Bonsoir

Je relis actuellement les livres "Rouge et Or" de ma jeunesse et je viens de terminer la lecture de "Dear chérie", aujourd'hui même!

Ecrit de manière lisse, ce roman plein de fraicheur est passionnant.

Dommage que nos petites-filles n'aient plus le goût de lire ce genre de littérature.

Cordialement