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Les Echos de Nampilly
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26 mars 2010

Xavier la dérive - Nouveau Signe de Piste n°128

Alain Arvel, illustrations Jérome Lo Monaco, 1986

Xavier a seize ans quand son père décide de quitter sa famille. A seize ans, avec une mère et un petit frère, on peut se débrouiller seul. Mais quand la mère tombe en dépression, cela devient plus compliqué. Beaucoup plus compliqué.

nsp_128D’un coup, Xavier se retrouve seul pour s’occuper de Didier, son frère. La grand-mère les aide un peu, bien sûr, mais ce n’est pas suffisant. Xavier a besoin d’argent. Vite. Il se retrouve alors face à un choix : travailler, durement, sans se plaindre, dans le temps libre que lui laisse l’école, ou bien « chaparder », « piquer », « se servir »… voler, quoi. C’est si facile, de mal tourner…

Heureusement, Xavier a des amis, Pablo et Anita, des profs compréhensifs, une ou deux pistes pour un job sérieux. Mais cela suffira-t-il à lui éviter les pièges de la facilité – et de la délinquance – qui guette dans chaque rue de son quartier trop pauvre et trop mal fréquenté ?

Pour Xavier, l’absence de son père et la maladie de sa mère, c’est l’épreuve du feu. Il n’a qu’une solution : grandir, mûrir, devenir adulte. Y réussira-t-il sans se brûler ? Pas sûr.

Xavier la dérive est un roman étrange. Pas vraiment passionnant, pas vraiment inintéressant. L’histoire, très ancrée en Belgique dans les années soixante-dix, peut facilement être transposée aujourd’hui, de façon à être appréhendée en 2010 aussi bien qu’il y a quarante ans. Malheureusement, on a du mal à s’attacher à Xavier, ce garçon un peu trop lisse, un peu trop prévisible.

Curieuse vision également que celle des parents de Xavier. Quand le fils retrouve le père, qui était parti sans laisser de traces, c’est lui qui se fait insulter. Si à son âge ans on n’est même pas capable de comprendre que quand son père disparaît, il ne faut pas le chercher… Qu’est-ce qu’il lui veut, d’abord, à son père ? Et quand la mère rentre de son repos forcé, c’est encore le fils qui prend : non mais regardez ce qu’il a fait de l’appartement ! Même pas fichu de faire la poussière pendant que sa pauvre maman est malade… Et si Xavier s’énerve contre sa mère, il comprendrait presque la réaction de son père. Cela laisse au lecteur un sentiment d’inachevé, d’inabouti, et un véritable énervement contre ce père lâche qui refuse de prendre des responsabilités envers ses enfants (quoi qu’il paraît qu’il les aime. Ah bon ?)

Est-ce voulu de la part de l’auteur ou bien est-ce dû à un défaut de la narration ? Impossible à savoir. La narration, quant à elle, est plutôt intéressante. La plupart du temps, Xavier raconte lui-même son histoire. Mais il arrive qu’Anita ou Pablo prennent la parole. Une vision des choses à la fois intérieure et extérieure qui donne un roman complet, à plusieurs angles de vue différents. Dommage tout de même qu’on ne comprenne pas le narrateur sans l’indication de son prénom au début de chaque partie. Impossible en effet de distinguer Anita, Pablo ou Xavier par leur façon de parler ou de penser. Mais est-ce qu’une fille de quatorze ans – même très mûre – parle vraiment comme un garçon de seize ?

Tout cela donne un roman sympathique et agréable mais qui manque de mordant et de poids. Un adolescent livré à lui-même pourrait – devrait – produire un roman coup de poing. Or les seuls coups de poing du livre sont ceux que reçoit Xavier pour avoir énervé les blousons noirs du quartier. Ce dont il se remet d’ailleurs sans peine en quelques lignes. Un roman plaisant, donc, qui fera sourire les français par ses belgicismes et qui fera dire aux Belges « enfin on pense à nous ! », quoi qu’il ne soit pas le seul dans la Collection, puisque son auteur, Alain Arvel, avait déjà signé sous le pseudonyme de Carlo Nada un autre Signe de Piste dont l’intrigue se tenait à Bruxelles : La Bataille du quartier.

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Commentaires
P
Merci pour ces précisions. "Très différents"... peux-tu nous en dire plus ?
Y
Il existe 2 versions de "Thierry, Tête de Fer" très différente l'une de l'autre. La première est paru chez Jamborée en 1954, la deuxième au Nouveau Signe de Piste en 1978.
R
Jacques Van Herp (Alain Arvel) a aussi écrit dans les collections SDP "Le Linceul de pourpre", "La Capricieuse", "Thierry, Tête de fer", "Lucky mon ami" et "Port des Brumes" (sous le pseudonyme de Michel Jansen)
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