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Les Echos de Nampilly
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13 janvier 2010

Le Seigneur d'Arangua - Signe de Piste n°168

Jacques da Cunha, illustrations Pierre Joubert, 1964

seigneurIl s’agit moins d’un roman que deux longues nouvelles assemblées en un seul volume, toutes deux centrées autour d’un personnage, Philippe, le jeune maître du domaine d’Arangua. Mais si ces deux histoires nous en apprennent sur la personnalité fantasque du « Seigneur d’Arangua », elles sont sans lien entre elles et ont même une tonalité et un style assez différent.

La première partie relève de la littérature scoute et les protagonistes en sont plus la patrouille des Léopards, débarquée de Rio, à travers les yeux de laquelle nous découvrons la vie fascinante des fazendas du Nord, ces grands domaines perdus dans la jungle amazonienne, avec ces grands propriétaires dont dépend la vie de centaines de paysans. Comme dans Gil des Lavras, le lecteur s’émerveille avec les scouts des magnifiques paysages brésiliens, de cette vie d’aventure où l’on attrape les serpents à la main, où l’on monte à cheval toute la journée presque nu, uniquement vêtu de bottes de cavalier et d’un short bien usé. Tout l’exotisme de la jungle brésilienne y passe mais le personnage de Philippe est vu de façon plus extérieure, sous le regard admiratif ou interloqué des scouts.

La seconde partie, qui n’a plus rien à voir avec la première, nous relate l’apprivoisement (ou dressage) du Seigneur d’Arangua, sa rébellion et sa finale rédemption. On en sait, du coup, un peu plus sur Philippe et ses parents. Un père sévère, encore plus dur pour son héritier que pour ses paysans et ses hommes de main, une mère qui passe le plus clair de son temps en ville, dans les cercles mondains, et pour qui la vie des fazendeiras est une vie de sauvage. Inutile de préciser qu’entre ses deux parents si dissemblables et qui vivent quasi-séparés, Philippe a grandi livré à lui-même. Quand son père s’aperçoit, peut-être un peu tard que, s’il est bon cavalier, bon lanceur de poignard, bon joueur de poker et même bon organiste, le reste de son éducation laisse un peu à désirer. Aussi fait-il venir à la propriété un jeune précepteur, Jean-Louis (encore un Français) qui a pour charge non seulement d’instruire mais aussi d’éduquer le sauvageon arrogant, qui n’entend pas se laisser mener par un pied-tendre à peine plus âgé que lui et tout droit débarqué de la ville. Le malheureux précepteur en voit donc de toutes les couleurs, d’autant qu’il n’est, finalement, pas très aidé par les deux parents...

Mais, bien, sûr, il faut une fin morale, et c’est donc par l’amitié plus que par la sévérité que Jean-Louis finira par apprivoiser Philippe, dont la vie tumultueuse cache mal une grande solitude. Tout finit donc bien et si le Seigneur d’Arangua ne tourne pas comme les blancs-becs cocaïnés que fréquente sa mère, il fera sans doute aussi un maître de domaine plus humain et moins solitaire que son père.

Peut-être à cause de l’absence d’intrigue réelle, hormis un faible lien narratif qui court d’une nouvelle à l’autre, Le Seigneur d’Arangua retient moins l’intérêt du lecteur que les titres suivant de Jacques da Cunha qui ont une intrigue mieux montée. Le Seigneur d’Arangua semble être un assemblage de deux nouvelles. Le roman manque de liens entre les personnages, de profondeur dans l’histoire, d’intrigues secondaires, de ramifications familiales. Tout cela sera corrigé dans les trois autres, Le Seigneur d’Arangua restant comme le premier roman d’un auteur qui prendra de l’assurance dans les suivants.

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