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Les Echos de Nampilly
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16 novembre 2009

Le roman guide après 1947 - 7

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4. Ad perpetuum

Au terme de cette étude, peut-être convenait-il de nous intéresser à l’ultime message que chacun des auteurs1 a voulu laisser dans les dernières pages ou au cœur de son ou de ses romans guides et, à nouveau, constater une différence selon que ceux qui avaient tenu la plume et leurs lecteurs en haleine dans le grand vent de l’aventure étaient des femmes ou des hommes, les premières optant pour le dépassement de soi et les derniers préférant la plénitude du devoir accompli, au sein d’une nature apaisée.

«Qui sait vouloir, arrive toujours à ses fins» ont martelé Jacqueline Royer et Simone La Selve, tout au long de leur première œuvre L’Inconnue de Valcluse. Dans La Croix verte, leur second opus, le leitmotiv est devenu «Si tu veux, tu peux !»2 avec en note finale «Et surtout, ne te décourage pas de ta médiocrité»; et dans leur troisième roman guide Une Fille pas comme les autres: «Agis selon ton cœur, tu ne seras jamais ridicule !», tout en soulignant l’importance de la famille dans la vie d’un enfant3. Pour Marie Derc, dont la partie guide, ne constitue qu’une petite moitié du roman Les Choucas, cela pourrait être la réflexion de la C.E. des Hermines, Véronique, à la p.123 : «Un camp d’équipe, qu’est-ce que c’est ? Une aventure ouverte à tout ce qui vient ! Six guides qui restent dans leur petit truc, ça se ratatine vite comme un stupide rang d’oignons, vous savez ! Maintenant, si vous préférez faire les oignons, garder votre petit train-train et votre sublime dédain… Vivons notre petit camp-camp bien loin de tout le monde ! Nous pourrions être contaminées par ces gosses qui ont faim de quelque chose» (Ce message se dégage également du Grand Jeu de Jean Valbert). Quant à Emmanuelle Marly, dans son Testament des cœurs fidèles, ce pourrait être : «Ces événements nous construisent toutes et c’est ça l’essentiel» et encore «La vraie richesse de notre aventure est là».

Si on en vient à présent aux auteurs masculins, on constatera que Jean-Louis Foncine a choisi de faire terminer son roman guide au son d’un orgue qui «allait réveiller, comme les autres soirs, le bruissement majestueux de La Forêt qui n’en finit pas» ; tandis que, sous la dictée de Xavier Deutsch, Dorcas, C.P. des Mustangs aux foulards bleus, contemplant le lever du soleil au dernier matin d’un camp qui en a plutôt manqué, écrit : «Regarde que le soleil est une larme de joie du Christ. C’est cela qui brille. Cela flambe et tremble, c’est au fond [de chacune et chacun d’entre nous]», avant de terminer sur les mots «Tout est bien».

testament3
Emmanuel Beaudesson pour Le Testament des coeurs fidèles

Bruxelles, avril - mai 2009
Fauvette

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1 A la réflexion, ce propos, issu du seul point de vue du lecteur, est probablement terriblement réducteur. Le tandem Royer–La Selve a, d’une manière ou d’une autre, voulu faire œuvre pédagogique. Pour ce qui la concerne, Emmanuelle Marly témoigne avoir voulu «développer les différentes valeurs essentielles apportées au scoutisme (foi, courage, débrouillardise, respect des autres, vie en communauté, responsabilité, vie dans la nature, etc…) et aussi faire comprendre aux jeunes que l’un des points les plus importants dans une vie… est de se laisser façonner par la puissance de l’amour miséricordieux du Christ afin que nous ressemblions de plus en plus à ce qu’il désire que nous soyons… La vraie richesse de l’aventure est là !» (courriel du 5 mai 2009).

2 On a vu au tout début de cette étude, cette importance du libre choix et de la volonté de l’homme ou du jeune chrétien, quant à sa destinée, chez les auteurs de romans scout et guide : non, la vie n’est pas une fatalité écrite dans les astres ; elle sera ce que nous voudrons en faire et pourra s’orienter au gré des rencontres qui l’émailleront ! : «Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu’il nous appartient de déchiffrer» a un jour écrit Mauriac, cité par Dalens dans La Tache de Vin (1947) et Jean Valbert Grand Jeu (1953).

3 Réflexion de Simone La Selve lors d’un entretien téléphonique, le 6 mai 2009 et confirmée par la dédicace du roman :»A nos familles, qui nous ont dispensé toutes les joies qui manquaient à Joëlle»

motifguide

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Commentaires
A
Un grand merci à Fauvette pour cette étude si documentée et si fouillée et dont on ne peut épuiser la richesse en une seule lecture.<br /> <br /> Oserais-je une suggestion, c'est de rassembler les notes en une lecture continue, en les séparant des textes et vous verrez alors qu'elles forment un ensemble extrêmement vivant.<br /> <br /> Anne
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