Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Echos de Nampilly
Publicité
Archives
9 mars 2008

Les Cahiers Robinson - 3

Sur Jean-Louis Foncine
Partie 2-a : Deux romans scouts de Jean-Louis Foncine - Les Forts et les purs
Jean-Benoît Puech
Cahiers Robinson n°21, La Bibliothèque Rouge et Or - 2007

Jean-Benoît Puech, dans la seconde partie de son article, étudie, comme il l’a fait pour Le Relais de la Chance-au-Roy, Les Forts et les purs et Le Glaive de Cologne. La méthode d’analyse, calquée sur celle du Relais, met en évidence les similitudes entre les deux romans : croisement de plusieurs genres littéraires et caractéristiques de la plume de Foncine.

SDP_048_1951
Signe de Piste n°48, 1951

Dans Les Forts et les purs, écrit après la guerre, Jean-Louis Foncine conte la rencontre et les difficiles débuts de l’amitié entre Guy Morlovski et Michel Harlant. Guy a perdu son frère durant la guerre. Il est persuadé que c’est le frère de Michel, également décédé durant la guerre, qui l’a tué et souhaite ardemment se venger. Mais Michel, qui est en train de former une équipe de raiders, discernera, derrière le désir de vengeance, un cœur profondément meurtri et n’aura de cesse de faire comprendre à Guy que non seulement l’assassin de son frère n’est pas celui qu’il croit mais de plus qu’il peut retrouver auprès de ses amis l’amour et la chaleur du disparu. Le tout évidemment au milieu de nombreuses aventures exceptionnelles « à la Foncine » (grand jeu scout, bande de crapules, courses à ski…), ce qui en fait bien entendu un véritable roman d’aventures. On le devine, Les Forts et les purs est encore un récit complexe. Voici donc les grands traits que Jean-Benoît Puech en dégage.

Roman policier : Dès le début, la police apparaît pour rechercher Guy. Suivent le cambriolage d’une villa et la découverte que Guy est à la solde d’une bande d’anciens miliciens qui exploitent des adolescents perdus… Mais l’enquête porte avant tout sur les raisons qui attisent sa haine envers Michel. Comme dans Le Relais de la Chance-au-Roy, un air de chat-tigre habite le roman.

Roman psychologique : Michel, bien qu’il sente que Guy le déteste, ne cesse d’être présent pour lui. «il a, non sans un discernement exceptionnel, l’affection d’un aîné solide pour un cadet dévoyé mais intransigeant et courageux, qu’une confiance soutenue aidera à reprendre la bonne direction.» Si Michel est sûr de lui, Guy l’est moins. Il est tiraillé entre sa promesse de vengeance et l’amitié qu’il sent naître en lui pour Michel. Foncine joue d’ailleurs avec brio de cette ambivalence.

Roman historique : Les Forts et les purs peut être considéré comme une réflexion sur la Seconde Guerre mondiale. Guy, réfugié de Finlande, pense que son frère aîné a été tué par le frère aîné de Michel (soldat). C’est faux : c’est un partisan fanatique qui est responsable du meurtre. La haine de Guy pour Michel disparaît finalement au profit de l’affection, ce qui amène la question : «Sur quelles bases construire la réconciliation ?» Pour Michel, il s’agit simplement de deux conceptions de la vie : l’appât du gain et du pouvoir contre la recherche de la noblesse de cœur. Evidemment, comme on est chez Foncine, on dépasse vite ce manichéisme pour une opposition toute en nuances.

Roman de formation : il y a la formation de Guy, bien sûr, mais Les Forts et les purs est aussi un véritable manuel à destination des éducateurs qui doivent faire face à des adolescents en crise. Michel est un modèle en tout et sait rattraper les différents écarts de Guy pour le ramener dans le droit chemin.

SDP_048_1959
Signe de Piste n°48, 1959

En plus de tout cela, on retrouve bien entendu dans Les Forts et les purs la plume magistrale de son auteur qui a fait la réussite du Relais de la Chance-au-Roy. Le talent romanesque de Jean-Louis Foncine est encore plusieurs fois prouvé. D’abord avec les différents temps du roman (le moment de l’histoire, celui d’avant, celui d’après avec la narration de Jean-Pierre), les intrigues secondaires (la vie de Guy, celle de Michel), les interventions de narrateurs extérieurs (le journal de Jean-Pierre), ensuite avec la psychologie de Jean-Claude, dont Michel et Guy représentent les différentes aspirations (le duel ange blanc – ange noir), et finalement les sublimes descriptions, les différent tableaux qui offrent une scène à l’action : la campagne française riche en Histoire du pays de l’Ourcq, les panoramas enneigés des Vosges ou encore l’Alsace, avec ses cicatrices de la Seconde Guerre mondiale…

«Enfin, il faut ajouter que cet art s’efface toujours humblement devant ce qu’il sert : une action et une sensibilité uniques, une affection lucide pour la jeunesse insouciante et soucieuse, fragile et forte, impatiente et fidèle.»

NSP_007_1975
Nouveau Signe de Piste n°7, 1975

motifmessage

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité