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Les Echos de Nampilly
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31 juillet 2007

Harry Potter et l'Ordre du Phénix

En souhaitant un bon anniversaire à Harry, impressions rapides (mais élogieuses) du cinquième volet cinématographique des aventures pottériennes. Le livre 7 a été déjà dévoré au moins par la moitié de l'équipe mais afin de ménager les spoilerophobes, la critique n'aura lieu que fin octobre, après la sortie de la version française.



affiche

Le 5° film de la série Harry Potter était attendu avec autant d'impatience que d'appréhension par les fans de la série. C'est que l'adapation de ce tome des aventures de Harry Potter était jugée comme l'une des plus difficiles, voire la plus difficile. Déjà parce que le livre est le plus volumineux de toute la série, et que condenser en 2 heures quelques 800 pages d'une intrigue touffue nécessite des choix réfléchis et expose à une volée de bois vert de la part de lecteurs déçus de ne pas retrouver sur écran leur scène préférée ou leurs personnages favoris. Or pour faire un bon film à partir d'un bon livre il faut... faire un bon film, justement, pas un récit littéraire filmé. C'est-à-dire extraire l'histoire majeure du livre et pour le reste, supprimer ou transposer ce qui nuirait au rythme du scénario, l'essentiel étant de garder l'esprit. Peter Jackson avait réussi magistralement à faire une oeuvre cinématographiquement magnifique du monumental Seigneur des Anneaux... Disons-le tout de suite, Harry Potter et l'Ordre du phénix est une des meilleures versions cinéma, voire la meilleure... David Yates doit tourner le volet 6, Harry et le prince de sang-mêlé et l'on ne peut que s'en réjouir, ce tome là n'étant pas des plus anodins puisqu'il se termine par la mort de Dumbledore...

dementor

Au rebours de La Coupe de feu, qui était avant tout rythmé par la compétition des trois écoles, L'Ordre du Phénix est peut-être le plus psychologique de la série. Hormis sur la fin, il y a peu de scènes d'action et de féroces bagarres. L'essentiel de l'intrigue repose sur deux progressions : celle des tourments intérieurs de Harry, que la mort de Cédric Diggory a brutalement sorti de l'enfance, et qui oscille entre colère et frustration d'être "mis à l'écart" par les adultes, alors qu'il se sent apte à affronter Voldemort, réapparu à la fin de l'année dernière. Amertume de se sentir "déconsidéré"  par Albus Dumbledore, le pilier et la référence des anti-Mange Mort, de se voir même préféré Ron Weasley pour la nomination des préfets (chacun son tour d'être jaloux), agacement de voir combien le fantôme de Cedric pèse entre lui et la belle Cho Chang, et enfin angoisse de se sentir investi peu à peu par les sentiments de Voldemort, la sensation d'être Voldemort...

cho

Ces tourments intérieurs, difficiles à montrer au cinéma, ont été triés : exit la nomination des préfets et la brève jalousie de Harry ; la "distance" qu'affiche Dumbledore envers son poulain est montrée en quelques scènes, où Albus semble l'ignorer ou le fuir de façon si otensible que ç'en est offensant... L'agacement de Harry d'être traité comme un gamin est évoqué à la réunion de l'Ordre, mais sans que l'on insiste lourdement, la différence de position entre Sirius et Mrs Weasley est vite éclipsée par la scène désopilante de Crookshank prenant l'Oreille à rallonge" pour une souris... L'idylle avec Cho Chang est aussi rapidement traitée, par scènes courtes et un raccourci final par rapport au livre. Quant à la connexion de Harry avec Voldemort elle court tout le long du film, mais est abordée dans ce qu'elle a de spectaculaire, flash habilement mêlés et confondus entre les pensées de Voldemort et celles de Harry, et c'est de la même façon que sera traité le duel d'occlumancie entre Snape et Harry...

harry

Le second fil rouge est la prise de pouvoir par "tranches" et décrets successifs du Ministère sur Poudlard, ce que l'on appelle en histoire contemporaine la technique du salami. Avec une remarquable compréhension des mondes totalitaires, Rowling s'était gardée de faire du Professeur Ombrage une mégère aussi menaçante que Voldemort ou Beatrix Lestrange. Non, la prise de pouvoir est sucrée, rose, douçeâtre, infantilisante, et si l'on torture c'est avec un sourire navré, du genre "ça me fait plus de mal qu'à toi, mais c'est pour ton bien mon enfant"... David Yates réussit à nous donner, comme aux élèves de Poudlard, une indigestion de guimauve empoisonnée avec le jeu de l'excellente Imelda Staunton (désopilante Charlotte Palmer dans Raisons et Sentiments).

ombrage

Aux côtés du ministre Cornelius Fudge, inconsistant et pleutre à souhait, c'est elle la véritable adversaire de Dumbledore qui, - ENFIN ! - est mis en valeur et non plus présenté en vieillard fébrile et vite paniqué devant les dangers que court Harry, comme c'était le cas dans La Coupe de Feu. Michael Gambon campe un magicien subtil, énigmatique et ferme, dont les coups d'éclat, rares et brefs devant le Ministère et ses menées, nous montrent ce qu'est la "classe Dumbledore" comme le résume Kingsley : grondement de tonnerre quand les portes de Poudlard s'ouvrent pour faire rentrer l'infortunée Sybille Trewlaney chassée de l'école, disparition soudaine dans un flamboiement phénixien pour échapper à l'arrestation et à Azkaban, et enfin, fantastique duel avec Voldemort, à coups d'effets spéciaux magnifiques, notamment un superbe dragon de feu dont le magicien se débarrasse plus aisément que Gandalf du Balrog.

dumbledore

Les décors ont mûri aussi, comme s'ils accompagnaient dans leur éveil au monde du danger les adolescents. Loin de la féérie pleine de gentils monstres et loufoques fantômes des deux premiers films, loin aussi du très bon climat trashy-gore du Prisonnier d'Azkaban, le monde des magiciens, dans l'Ordre du Phénix est plus sombre, allant de la sinistre et poussiéreuse demeure des Black au labyrinthe des salles secrètes du Ministère, en passant par la majestueuse salle du Tribunal, très kafkaïenne... Même les murs et les plafonds de Poudlard semblent avoir été rehaussés, se faisant plus écrasants, plus oppressants sur les élèves, comme pour signifier en images que leur chère école, avec Ombrage à sa tête et non plus Dumbledore, devient une annexe inquiétante du Ministère pris de folie... Et signe des temps, ce n'est plus en barques illuminées que se rendent les élèves à Poudlard le jour de la rentrée mais, comme dans Le Prisonnier d'Azkaban, en carioles tirées par les sinistres sombrals, montures funèbres et squelettiques que, cette fois-ci, Harry Potter peut voir, puisqu'il fait partie de "ceux qui ont vu la mort"..

Mention spéciale à Evanna Lynch, qui fait une fantastique Luna Lovegood, jouant tout en poésie et en finesse son rôle de rêveuse et de douce timbrée...

luna

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